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Bibliothèque de résistance // groupes de lecture

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    • #231933 Répondre
      Luce
      Invité

      A compter du mois de mars 2020, pendant le confinement, j’ai commencé à constituer une bibliothèque pour développer une critique radicale de la « gestion pandémique ». Face à la propagande sanitaire, j’ai pensé qu’il serait vital de pouvoir se référer à des livres publiés il y a parfois plusieurs décennies plutôt qu’aux boucles médiatiques d’actualité. Ainsi suis-je tombé sur ce livre de Ludwik Fleck (1895-1961), « Genèse et développement d’un fait scientifique » (1935). Je pense qu’il peut fourbir des armes pour affronter la doxa scientifique qui entrave les témoignages de personnes souffrant de graves ou moins graves « effets secondaires » (il me semble que l’expression est un bel euphémisme, voire trompeuse). On le trouve dans la collection Champs/sciences des éditions Flammarion. Ce pourrait être intéressant d’organiser des groupes de lecture autour de ce livre. Il y en a d’autres bien sûr, mais ce livre est vraiment remarquable pour la rigueur de sa démonstration et son audace intellectuelle. C’est pourquoi j’insiste tant dessus et en parle autour de moi pour inviter à s’y plonger. Il faut prendre le temps d’y entrer mais cela vaut le coup, assurément. Peut-être sa lecture m’a été facilitée par le livre de Bruno Latour, « Pasteur: guerre et paix des microbes » (La Découverte, 2001), assez exubérant, mais tout de même décapant: il a inventé la sociologie du microbe! Il y a par ailleurs le classique de Michel Foucault, « Naissance de la clinique: une archéologie du regard médical » (PUF, 1963). Il analyse la mise en place d’une vision panoptique où il ne s’agit plus de « la perception du malade en sa singularité » mais d’une raison d’Etat. Enfin, une amie m’a recommandé « Némésis médicale: l’expropriation de la santé » (1974) de Ivan Illitch dont j’avais déjà entendu parler en bien mais que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire. Face au déferlement d’informations entérinant le discours officiel selon lequel il fallait absolument « vacciner » le plus grand nombre au moyen de nouvelles technologies vaccinales à base d’ARN messager enrobé dans des nanoparticules lipidiques et autres procédés « de pointe », je pense que des groupes de lecture autour d’une bibliothèque de résistance seraient d’un grand secours pour prendre la mesure de ce qui nous arrive. Comme vous le répétez avec force, le « déni » est terrible!

      Idées de lecture:
      Ludwik Fleck, « Genèse et développement d’un fait scientifique » (1935)
      Michel Foucault, « Naissance de la clinique: une archéologie du regard médical » (1963)
      Ivan Illitch, « Némésis médicale: l’expropriation de la santé » (1974)
      Bruno Latour, « Pasteur: guerre et paix des microbes » (2001)

    • #231934 Répondre
      Luce
      Invité

      Comme lecture contemporaine, il y a le salutaire tract de Barbara Stiegler, « De la démocratie en pandémie » (Gallimard, 2020) dans lequel elle nous fait lever la tête: « à y regarder de plus près, les décisions du gouvernement ne furent jamais guidées par un souci réel de la vie et de la santé ». Elle initie une réflexion sur le langage et la mise en place d’une « novlangue » empêchant de penser ce qui nous arrive. Et de citer « La Langue du IIIe Reich » (1947) de Victor Klemperer:

      « Mais la langue ne se contente pas de poétiser et de penser à ma place, elle dirige aussi mes sentiments, elle régit tout mon être moral d’autant plus naturellement que je m’en remets inconsciemment à elle. Et qu’arrive-t-il si cette langue cultivée est constituée d’éléments toxiques […] ? Les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelque temps l’effet toxique se fait sentir. »

      Quant aux nombreux témoignages de femmes disant « Je ne suis pas la seule, je ne suis pas folle », cela m’a bouleversé d’autant plus que c’est ce que j’ai ressenti au cours de ces deux dernières années, le sentiment d’être seul et fou: on m’accusait de commettre un « déni de réalité », de ne pas être responsable, de verser dans les thèses complotistes de la « fachosphère » et de l’extrême droite, etc… Je me suis raccroché avec Hannah Arendt qui dans un article datant des années 1960 publié dans l’anthologie « La Crise de la culture » (Gallimard, 1961) rappelle ceci: « Conceptuellement, nous pouvons appeler la vérité ce que l’on ne peut pas changer; métaphoriquement, elle est le sol sur lequel nous nous tenons et le ciel qui s’étend au-dessus de nous. » Simone de Beauvoir ne dit pas autre chose quand elle écrit dans « L’existentialisme et la sagesse des nations » (Nagel, 1948) que « la vérité n’est rien d’autre que la réalité ». Au cours des années 1940, elle observe combien « Les hommes ne croient pas tout à fait à ce qu’ils disent », qu’ »entre ce qu’[ils font] et ce [qu’ils disent], ce [qu’ils affirment] en actes, ce [qu’ils croient] en paroles, il y a toujours un abîme ». Cet abîme, observe-t-elle, est « source d’incertitude et de malaise » car les hommes « [sautent] […] d’un plan de vérité à un autre » si bien qu’ »en fait, ils ne sont jamais réellement situés sur aucun » et « passent leur vie écrasés par le poids de poncifs qui les étouffent. » Je pense que cela permet de comprendre ces « dénis de réalités » relatifs aux vaccins.

      Il faut vraiment être fort pour porter publiquement cette parole politique dans laquelle de nombreuses personnes peuvent se reconnaître. Je n’en ai pas eu la force jusque-là, mais de vous avoir entendue hier soir dans l’interview réalisée par la chaine Youtube Resilient me pousse à vous écrire.

      Simone de Beauvoir, « L’existentialisme et la sagesse des nations » (1948)
      Hannah Arendt, « La Crise de la culture » (1961)
      Barbara Stiegler, « De la démocratie en pandémie » (2020)

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